« Vivre avec la Grand-mère de Mon Mari est un Cauchemar »

Quand j’ai épousé Jean, je n’aurais jamais imaginé que notre premier foyer ensemble serait chez sa grand-mère, Édith. Au début, cela semblait être une solution pratique. Édith vieillissait et avait besoin d’aide à la maison, et nous économisions pour notre propre logement. Mais ce qui a commencé comme un arrangement temporaire s’est rapidement transformé en cauchemar.

La maison d’Édith est une relique d’une autre époque. Chaque meuble, chaque bibelot et chaque cadre photo semble figé dans le temps. Le papier peint se décolle, les tapis sont usés jusqu’à la corde, et toute la maison sent légèrement la naphtaline. Mais Édith l’aime telle qu’elle est et interdit à quiconque de changer quoi que ce soit.

« Ne touche pas à ça ! » s’exclamait-elle dès que j’essayais de nettoyer ou de déplacer quelque chose. « Ça, c’est là depuis 1952 ! »

J’ai vite compris que la maison d’Édith ressemblait plus à un musée qu’à une maison. Tout devait rester exactement à sa place, peu importe à quel point c’était impratique ou gênant. La cuisine était la pire. Les appareils étaient anciens et la moitié d’entre eux ne fonctionnaient pas correctement. Mais Édith ne voulait rien entendre de les remplacer.

« Ce four a cuisiné plus de repas que tu ne peux imaginer, » disait-elle fièrement. « Il a du caractère. »

Caractère ou non, il était impossible de préparer un repas décent dessus. Et ne me lancez même pas sur le réfrigérateur. Il était si vieux qu’il gardait à peine les aliments au frais et émettait un bourdonnement constant et inquiétant qui m’empêchait de dormir la nuit.

Mais le pire était le sentiment constant d’être surveillée. Édith avait une capacité incroyable à apparaître de nulle part juste au moment où j’étais sur le point de faire quelque chose qu’elle désapprouvait. Une fois, j’ai essayé de réarranger les meubles du salon pour que nous soyons plus confortables pour regarder la télévision. J’avais à peine déplacé le canapé qu’Édith est apparue dans l’embrasure de la porte, les yeux flamboyants.

« Que crois-tu que tu fais ? » a-t-elle demandé.

« Je pensais juste qu’il serait agréable d’avoir un arrangement plus confortable pour s’asseoir, » ai-je dit timidement.

« Ce canapé est à cet endroit depuis cinquante ans, » a-t-elle dit. « Il reste là. »

J’ai remis le canapé en place et je me suis retirée dans notre petite chambre, me sentant vaincue. C’était la même histoire chaque fois que j’essayais de faire des changements ou des améliorations. La maison d’Édith était son domaine, et j’étais juste une invitée indésirable.

Jean essayait de jouer les médiateurs, mais il était pris entre deux feux. Il aimait sa grand-mère et ne voulait pas la contrarier, mais il voyait aussi à quel point je devenais malheureuse. Nous avons eu d’innombrables disputes à ce sujet, mais rien ne changeait jamais.

« Tiens bon, » disait-il. « Nous aurons bientôt notre propre place. »

Mais ce « bientôt » ne semblait jamais arriver. Les mois se transformaient en années, et j’avais l’impression de perdre la tête. La tension constante, le sentiment d’être piégée dans une faille temporelle et le manque d’espace personnel me pesaient lourdement.

Un jour, j’ai décidé que j’en avais assez. J’ai fait ma valise et laissé un mot pour Jean, lui disant que je ne pouvais plus continuer ainsi. J’avais besoin de mon propre espace, de ma propre vie. Je l’aimais, mais je ne pouvais plus vivre comme ça.

Je suis allée vivre chez une amie et j’ai commencé à chercher un emploi pour pouvoir subvenir à mes besoins. C’était difficile, mais aussi libérateur. Pour la première fois depuis des années, j’avais l’impression de pouvoir respirer à nouveau.

Jean et moi sommes toujours ensemble, mais notre relation est tendue. Il me rend souvent visite, mais il vit toujours avec Édith. Nous parlons de trouver un endroit ensemble un jour, mais je ne suis pas sûre que ce jour viendra jamais.

Vivre avec Édith m’a beaucoup appris sur les limites et le respect de soi. Cela m’a aussi appris que parfois, l’amour ne suffit pas pour surmonter certains obstacles. Parfois, il faut se mettre en premier et faire des choix difficiles.