« Mon Père Économisait Chaque Centime, Mais J’en Ai Payé le Prix » – Le Ressentiment de Gianna

Gianna était assise au bord de son lit, fixant le vieux papier peint délavé qui ornait sa chambre depuis son enfance. Elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une vague de ressentiment en pensant à son père, Alexandre. Tout au long de sa vie, Alexandre avait été frugal à l’excès, économisant toujours de l’argent au détriment du bonheur et des expériences de Gianna.

En grandissant, les repas de Gianna étaient toujours les mêmes : fades, répétitifs et sans variété. Tandis que ses amis à l’école parlaient des délicieux dîners que leurs parents préparaient, Gianna ne pouvait que hocher la tête, prétendant savoir de quoi ils parlaient. Son père croyait que dépenser de l’argent pour des ingrédients sophistiqués était un gaspillage, donc leur garde-manger était toujours rempli de produits de base—riz, haricots et légumes en conserve. Gianna rêvait de goûter quelque chose de différent, quelque chose d’excitant, mais cela n’arrivait jamais.

Sa garde-robe était une autre source d’embarras. Tandis que ses camarades de classe portaient les dernières modes, Gianna était coincée avec des vêtements de seconde main souvent trop grands ou trop petits. Alexandre arpentait les friperies et les vide-greniers, toujours à la recherche des meilleures affaires, sans jamais considérer ce que ressentait Gianna en portant des vêtements qui la faisaient remarquer pour toutes les mauvaises raisons. Elle se souvenait des moqueries et des chuchotements dans son dos, et comment elle rentrait chez elle en larmes, seulement pour être accueillie par le rappel sévère de son père qu’ils économisaient pour l’avenir.

Le manque de divertissements et de sorties était peut-être la pilule la plus difficile à avaler. Les amis de Gianna parlaient avec excitation de leurs visites aux parcs d’attractions, des vacances à la plage et des escapades du week-end. Gianna, quant à elle, n’avait jamais mis les pieds dans un parc d’attractions, n’avait jamais senti le sable entre ses orteils, et n’avait jamais connu le frisson d’une vacance en famille. Alexandre croyait que de telles activités étaient futiles et inutiles. Au lieu de cela, leurs week-ends étaient passés à la maison, à faire des corvées ou à lire des livres empruntés à la bibliothèque.

Un des souvenirs les plus vifs de Gianna était son dixième anniversaire. Elle avait supplié son père pour un vélo, rêvant de la liberté qu’il apporterait. Elle s’imaginait parcourant le quartier, sentant le vent dans ses cheveux, et rejoignant ses amis dans leurs aventures. Mais quand son anniversaire arriva, il n’y avait pas de vélo. À la place, Alexandre lui tendit un petit paquet emballé. À l’intérieur se trouvait un livre sur la planification financière pour les enfants. Le cœur de Gianna se serra, et elle força un sourire, essayant de cacher sa déception.

En grandissant, le ressentiment de Gianna ne fit que s’approfondir. Elle regardait son père continuer à économiser chaque centime, parlant toujours de l’avenir et de l’importance de la sécurité financière. Mais Gianna ne pouvait s’empêcher de sentir que son enfance avait été sacrifiée pour un avenir qui ne semblait jamais arriver. Elle avait manqué tant d’expériences, tant de moments qui auraient pu apporter joie et bonheur.

Maintenant adulte, Gianna avait du mal à trouver sa place dans le monde. Elle avait du mal à nouer des relations, se sentant toujours comme si quelque chose lui manquait. Elle ne pouvait se défaire du sentiment d’inadéquation qui avait été ancré en elle dès son plus jeune âge. La frugalité de son père lui avait laissé un profond sentiment d’insécurité et un désir ardent pour les choses qu’elle n’avait jamais eues.

Un jour, Gianna reçut un appel de son père. Il annonça fièrement qu’il avait enfin économisé assez d’argent pour acheter une maison. Il l’invita à venir la voir, espérant qu’elle partagerait son enthousiasme. Mais alors que Gianna se tenait devant la belle maison nouvellement achetée, elle ne pouvait ressentir la joie que son père attendait. Au lieu de cela, elle ressentit un profond sentiment de perte. La maison représentait tout ce qu’elle avait manqué, tous les sacrifices qu’elle avait faits.

Gianna regarda son père, qui rayonnait de fierté, et ressentit une pointe de tristesse. Elle savait qu’il avait fait ce qu’il pensait être le mieux, mais le coût avait été trop élevé. Elle ne pouvait se résoudre à partager son bonheur, sachant que son enfance avait été passée dans l’ombre de sa frugalité.

En s’éloignant de la maison, Gianna réalisa que certaines choses ne pourraient jamais être récupérées. Les expériences, la joie, et les plaisirs simples de l’enfance étaient partis pour toujours. Et aucune somme d’argent ne pourrait jamais les ramener.